C’est alimentaire, mais ça manque clairement de mordant

deputee Anne_Minh-Thu_Quach juin2018 photo Christian_Diotte Chambre des Communes via AQMensuellement, la députée Anne Minh-Thu Quach signe sur INFOSuroit.com des billets sur la politique fédérale. Pour sa première chronique de 2019, la députée de la circonscription de Salaberry-Suroît présente C’est alimentaire, mais ça manque de mordant :

La nouvelle politique alimentaire du Canada est présentement en révision. Selon ce que l’on sait, les 4 groupes alimentaires classiques disparaîtront et de nouveaux outils de prévention seront mis de l’avant. Outre nous dire ce que l’on doit manger ou ne pas manger, est-ce que la politique alimentaire peut nous apporter autre chose ?

Au NPD, nous avons au fil des années proposé plusieurs idées qui mériteraient de faire partie de la politique alimentaire canadienne afin non seulement d’améliorer l’alimentation et la santé des canadiens, mais aussi notre industrie agroalimentaire. Le gouvernement a toujours repoussé de revers de la main nos différentes propositions en nous promettant que ces si bonnes idées seraient intégrées dans la prochaine mouture de la politique alimentaire.

Premièrement, le gouvernement a refusé d’adopter le projet de loi C-231 de ma collègue NPD Ruth Ellen Brosseau instituant la Journée nationale de sensibilisation au gaspillage alimentaire et prévoyant l’élaboration d’une stratégie nationale visant à réduire le gaspillage alimentaire au Canada.

Le gaspillage alimentaire est un fléau au Canada. C’est un enjeu pour l’agriculture, la sécurité et l’environnement. Selon les recherches de Ruth Ellen Brosseau, le gaspillage a causé en 2014 au Canada des pertes économiques d’environ 107 milliards de dollars et plus de 6,3 millions de tonnes de denrées alimentaires gaspillées, soit 183 kg par habitant. C’est épouvantable quand chaque mois en 2015, plus de 850 000 Canadiens, dont 36 % sont des jeunes et des enfants, ont eu recours aux banques alimentaires pour se nourrir.

Lors du dépôt du projet de loi, M. Jean-Claude Poissant (secrétaire parlementaire du ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Lib.) a reconnu que le gaspillage alimentaire est un élément important qui doit être inclus dans le cadre d’une politique alimentaire nationale. Encore cette semaine, le quotidien Le Devoir titrait : Les Canadiens, champions du gaspillage alimentaire en nous rapportant les résultats d’une étude demandée par l’organisme Second Harvest. Selon l’article 58 % de la production alimentaire canadienne est gaspillée. 58% ! Est ce que le gouvernement agira enfin pour arrêter l’hémorragie alimentaire et utiliser cette nourriture pour nourrir non des poubelles, mais des êtres humains ?

Deuxièmement, mon collègue Pier-Luc Dusseault a travaillé afin d’améliorer l’information sur les aliments que nous consommons en demandant l’étiquetage obligatoire des OGM via le projet de loi C-291 modifiant la Loi sur les aliments et drogues (aliments génétiquement modifiés). Les citoyens du Canada souhaitent plus de transparence. D’après Santé Canada, presque 80 % d’entre eux sont en faveur d’une telle initiative, et environ le même pourcentage est d’avis que l’étiquetage volontaire ne fonctionne pas.

Malheureusement, libéraux et conservateurs ont affirmé que nous ne pouvons légiférer sur des questions de marketing et que les entreprises qui souhaitent indiquer que leur produit contient ou pas des OMG sont libres de le faire. Pourquoi si c’est une question uniquement de marketing, l’Union européenne depuis 1997 exige que les aliments génétiquement modifiés soient étiquetés, et les États-Unis ont-ils adopté une loi visant à faire la même chose ? Cela permettrait simplement au Canada d’harmoniser sa réglementation avec celle en vigueur chez ses principaux partenaires commerciaux.

Le projet de loi de mon collègue du NPD n’était pas une proposition anti-OGM, loin de là. Il s’agissait simplement d’une campagne protransparence pour donner plus d’informations à la population. De nombreuses personnes croient que tous les OGM sont mauvais, et beaucoup de gens croient qu’ils sont absolument inoffensifs et bénéfiques. Comme dans presque tous les débats, la vérité se trouve sûrement quelque part au milieu. Or, il est difficile de connaître la vérité lorsque notre gouvernement refuse la transparence à ses citoyens.

En 2016, le premier ministre affirme pourtant : « C’est une question de protéger les consommateurs. J’entends très clairement les consommateurs qui veulent en savoir plus sur ce qu’ils mettent dans leur corps. C’est une bonne chose. » Est-ce qu’il s’agissait encore une fois de belles paroles pour la caméra et les journalistes? Nous le verrons bien avec le dépôt de la nouvelle politique alimentaire…

Finalement, je souhaite vivement que mon projet de loi C-380 Loi visant à promouvoir les aliments locaux au sein des institutions fédérales soit repris tel quel dans la nouvelle politique alimentaire. J’en parle depuis presque 8 ans et c’est pour moi très important. Si chacune des institutions fédérales (cafétéria des prisons, bureaux, armée, etc.) donnait un contrat de 25 000$ à un producteur local au lieu d’un producteur étranger, cela ferait un effet multiplicateur immense dans nos communautés.

Le consommateur d’aujourd’hui souhaite promouvoir une économie responsable. En achetant local, il choisit des produits de qualité, s’engage pour sa communauté et protège l’environnement. Le fédéral doit encourager cette démarche pour faire du Canada un pays plus juste et plus vert. C’est pourquoi, au fédéral on doit manger local!

Lors de ces consultations, le gouvernement a reçu des recommandations qui visaient, « pour les institutions publiques comme les écoles et les hôpitaux, à acheter un niveau minimum d’aliments produits localement ou régionalement afin de soutenir les économies locales et de promouvoir la santé ». C’est à souhaiter que ces demandent fassent enfin écho auprès de mes collègues libéraux.

Est-ce que l’honorable Lawrence MacAulay, ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire mettra enfin en place une politique non seulement pour nous faire la morale sur ce que l’on mange, mais pour cesser le gaspillage, donner plus de transparence et surtout aider notre industrie alimentaire par des gestes concrets ?

D’ici le dépôt de la nouvelle politique, vous pouvez faire parvenir votre opinion au ministre ici : [email protected].

Merci à tous et bon appétit !

 

Anne Minh-Thu Quach
Députée fédérale de Salaberry-Suroît à la Chambre des communes

C : [email protected]
T : 450 371-0644
___

Vous pouvez lire ou relire les billets précédents d’Anne Quach :


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