Une beauharlinoise au CONGRÈS MONDIAL DES JEUNES en Turquie

(M. Boyer) – À l’issue de la 5e édition du Congrès mondial des jeunes qui s’est terminée à Istanbul le 12 août dernier, la plupart des participants s’entendaient sur la trop grande place accordée au tourisme au détriment des échanges portant sur le développement de la jeunesse mené par ses jeunes. Martine Boyer de Beauharnois était une des 1 300 congressistes, elle nous dresse son bilan de l’événement et ses impressions de la Turquie.

Mise en situation

Si les discours fleuves des dirigeants du pays ne laissaient aucun doute sur leur intention de faire valoir les beautés de leur pays dès l’ouverture du Congrès, c’est véritablement lors des journées réservées à la réalisation des projets d’action que les jeunes ont saisi qu’ils étaient considérés bien davantage comme des ambassadeurs, porteurs de l’économie future de tout un pays désireux de multiplier le nombre de ses visiteurs annuels, que comme des congressistes soucieux de mettre l’épaule à la roue.

Pourtant le projet d’action Cœur du congrès, constitue l’occasion de réaliser au sein du pays hôte un projet collectif viable qui met de l’avant l’expertise et la capacité de travailler en équipe des jeunes, malgré des horizons ethniques et culturels distincts.

Ce sont donc des groupes formés de 25 jeunes qui ont mis les voiles pour quatre jours sur différentes régions de la Turquie à la découverte de bijoux touristiques.  Désireux de travailler, les congressistes seront pour la plupart assaillis par les photographes des médias nationaux dès qu’ils effectueront bénévolement des tâches telles planter des arbres ou à ramasser des déchets.

A Izmir, c’est entre deux cafés turcs  et parfois un peu de raki, une eau-de-vie aromatisée à l’anis,  que le projet d’action s’est transformé pour prendre la forme de discussions parfois corsées, arrêtées ça et là par la visite d’une coopérative de tapis, d’un bazar, d’une ferme familiale ou d’une des plus anciennes cités grecques de l’Asie Mineure, Éphèse (photo d’entête), notamment.

Autant de portraits d’une Turquie intrigante et multiple.

En parallèle des projets d’action, les participants doivent s’inscrire comme éducateur, entrepreneur, activiste ou journaliste. Martine Boyer a choisi journaliste en raison de ses études et de son parcours professionnel, «  Je ne m’étais pas préparée à livrer une bataille sans merci à un clavier turc et à une connexion internet déficiente, tout en suant à grosses gouttes dans un local dépourvu de climatiseur en tentant d’écrire pour un quotidien dans la langue de Shakespeare ! Pourtant les idées fortes, à traiter en français, se sont multipliées. Une belle leçon d’humilité quelque peu frustrante. »

Martine et la Turquie

Exit les guides de voyage. Pour la touriste profane occidentale, la Turquie, c’est d’abord le bruit continu des klaxons, puis des chiens errants, des enfants qui jouent dehors et des prières islamiques.C’est une nourriture variée, épicée et sucrée, servie par des gens souriants et serviables qui parlent peu ou pas l’anglais.

C’est découvrir la débrouillardise, puis communiquer par geste, pour enfin réussir à balbutier quelques mots en turcs, au grand plaisir de nos interlocuteurs.

C’est un pays chaud et humide aux multiples visages, où les gens comme les paysages sont hétérogènes.  Enfin, c’est un endroit dépaysant aux conditions fort différentes des nôtres qui recèle des parfums d’autrefois par ses bazars et son architecture.

Martine et la position canadienne au sujet du génocide arménien

L’un des sujets délicats abordés assez rapidement lors de ce congrès a été ce que la Turquie nomme «  le prétendu génocide arménien ».  Dans un cours d’histoire négationnisme, les jeunes Turcs ont soutenu l’abandon du terme « génocide » pour qualifier le massacre et la déportation de plusieurs centaines de milliers d’Arméniens sous l’Empire ottoman entre 1915 et 1917. Ils soutiennent que cet épisode a fait de 300 000 à 500 000 victimes arméniennes et turques, la grande majorité victime de maladies dans le chaos des dernières années de l’empire, et que ces déportations visaient à éviter la guerre civile et à répondre aux attaques perpétrées d’abord par les peuples arméniens.

Puisqu’un peu plus de 20 pays, dont le Canada en 2004, ont reconnu officiellement le génocide comme un fait historique avéré, les discussions ont rapidement portées sur le lobbyisme arménien dans les contrées qui ont reconnu le génocide. Qu’en est-il du lobbyisme turc qui empêche même Barak Obama d’officialiser la position des États-Unis sur le sujet ?  J’aurais bien voulu avoir l’audace d’en parler, mais, quand on sait que les censeurs turcs sont très vigilants et que discourir pour reconnaître le génocide arménien en Turquie est un acte légalement interdit qui peut se traduire par de la détention en prison, on comprend davantage le discours de la jeunesse, appris dès la petite école.  Gros malaise.

Martine et l’islam

Pays laïc où néanmoins près de 99 % des habitants sont musulmans, la Turquie est reconnue pour ses innombrables mosquées.  Bien que certaines d’entre elles soient toujours assaillies par les visiteurs, je les ai plutôt visitées en me sentant quelque peu indiscrète, les cheveux couverts et les pieds nus, toutefois libre de mes allées et venues, au contraire des femmes musulmanes qui doivent se tenir à l’arrière, en retrait.

Des vives couleurs de certains voiles aux lourds manteaux portés par les femmes, l’islam tantôt fascine, tantôt inquiète.

Lors de ce Congrès, ce sont d’ailleurs presque la moitié des jeunes qui embrassaient cette religion, pratiquant, dans une écrasante majorité, le Ramadan. Ce 9e mois du calendrier musulman, basé sur l’activité lunaire, démarrait cette année le 11 août, aux derniers jours du Congrès.  Lors de cette période, les croyants ne mangent pas, ne boivent pas et ne doivent pas avoir d’activités sexuelles de l’aube au crépuscule.

Je garderai longtemps en mémoire le visage de ces musulmans qui rompent le jeûne sous l’appel à la prière du crépuscule, continuant leurs activités régulières avec le même sourire le même dynamisme.  Je me rappellerai également l’ouverture de plusieurs à expliquer l’importance de ce temps de réflexion pour leur cheminement personnel et spirituel.

Istanbul, la capitale

Istanbul qui, incidemment, est l’une des trois capitales européennes de la culture cette année, est une ville complexe à apprivoiser. Candidate à l’adhésion à l’Union européenne, la Turquie aura toujours pour un aura particulier, beaucoup plus proche de celui que j’impute au Moyen-Orient qu’à l’Europe. Quoi qu’il en soit, personne ne revient perdant d’un  voyage, encore moins lorsqu’il s’accompagne d’autant de rencontres.

Le Congrès mondial des jeunes est la seule rencontre jeunesse internationale qui met en valeur le rôle que les jeunes peuvent jouer dans le développement et dans la campagne visant à éliminer la pauvreté et à impliquer la jeunesse dans l’atteinte des huit objectifs du millénaire pour le développement de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et ce, par une série d’ateliers, de tables-ronde et de conférences, culminant par des projets concrets qui se réalisent dans différents milieux du pays hôte.

Seulement 18 jeunes du Québec étaient présents.

NDLR : Un gros merci à Martine Boyer pour ce récit très détaillé sur le Congrès mondial des jeunes 2010.


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