Ce serait la fin pour Clean Harbors à Mercier

(Jean-Pierre Major – mise à jour 3 novembre 18h) – La Ville de Mercier, le ministère de l’Environnement du Québec, les environnementalistes ont longtemps parlé d’immobilisme en ce qui concerne la compagnie Clean Harbors et son incinérateur à Mercier. Cette fois il appert que l’entreprise américaine, qui a pris le relais de Laidlaw et de Tricil, aurait lancé la serviette, du moins temporairement et cesserait ses opérations à Mercier dès le 2 décembre.

Au moment d’écrire ses lignes, nous n’avons pu valider avec la compagnie. Mais il semble qu’avec les fermetures de raffineries dont celle de Shell dans l’est de Montréal, Clean Harbors n’avait plus assez de « business » pour maintenir en sol québécois ses activités. L’aspect économique aurait joué dans la décision de la firme américaine.

L’effet sur l’air ambiant de l’incinérateur de Ville Mercier et son Unité de traitements des eaux souterraines ont toujours subi la critique. Des experts, dont Daniel Green, parlent même d’un des sites les plus dangereux en Amérique du nord !

Il faut rappeler que l’endroit est à l’origine de la 2e plus importante catastrophe écologique au Canada. En 1968, Tricil, qui est devenu propriété de Laidlaw et depuis quelques années de Clean Harbors, aurait déversé une quantité importante de produits toxiques dans les lagunes de Mercier et aurait contaminé la nappe phréatique.

Au fil des ans, les citoyens, les politiciens de Mercier, Sainte-Martine, Saint-Urbain-Premier, Saint-Isidore et Châteauguay, ainsi que le gouvernement québécois ont fait plusieurs efforts pour obtenir gain de cause contre l’entreprise. Outre la nappe phréatique contaminée, des fuites de mercure et autres ont été rapportées et mesurées en provenance de l’incinérateur de Mercier.

À plusieurs reprises, l’environnementaliste Daniel Green avait démontré que les éléments toxiques dans l’air ambiant et dans la nappe phréatique atteignaient la faune et la flore de la région. En 2010, M. Green avait signalé que les rivières Esturgeon et Châteauguay étaient affectées. Trois MRC de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent sont donc touchés par les dégâts.

La fermeture définitive de l’incinérateur serait donc une bonne nouvelle et permettra aux différentes paliers de gouvernements et experts environnementaux de passer à l’étape tant attendue de nettoyage complet.

Au fil des ans des groupes environnementaux s’étaient créés pour demander la décontamination des lagunes de Mercier. Des sites Internet avaient vu le jour et revendiquaient la fermeture ou sinon l’application de règles strictes pour protéger les citoyens demeurant à proximité et les terres agricoles voisines. Plusieurs ont lancé la serviette avec le temps. Si la fermeture de l’incinérateur se confirme, ce sera définitivement une excellente nouvelle.

Il reste à valider l’information et voir ce qu’il adviendra des poursuites et de la décontamination des lieux.

Voici le communiqué que nous avons reçu de Clean Harbors le 3 novembre en fin de journée :

Dans la foulée de l’annonce de la suspension temporaire des activités de l’usine de Mercier, Clean Harbors a émis la déclaration suivante.

«  En raison des conditions économiques actuelles et de la diminution de la demande pour les services de son usine de Mercier, Clean Harbors se voit dans l’obligation de suspendre temporairement les activités de cette usine, à compter du 2 décembre prochain.

Nous collaborerons avec le Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs afin que cette interruption se déroule de manière ordonnée, sécuritaire et conforme. L’entreprise continuera par ailleurs à respecter l’ensemble de ses engagements en matière de responsabilité sociale et environnementale.

Clean Harbors demeure active au Québec et en Amérique du Nord, et cette suspension n’affectera nullement les services offerts dans ses autres installations. Au Québec, les usines de Thurso et de Sainte-Catherine poursuivent leurs activités régulières », a déclaré Phillip G. Retallick, vice-président Conformité et Affaires réglementaires chez Clean Harbors.

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2 Réponse à "Ce serait la fin pour Clean Harbors à Mercier"

  1. INFOSuroit dit :

    Bonjour Marie-Pier Meunier, Merci de m’avoir acheminé votre commentaire pertinent. Il y a effectivement toujours deux côtés à une médaille. Sachez que j’habite dans la région depuis longtemps. J’ai des amis et des parents du côtés de Mercier. L’emploi est une chose importante et valorisante et je suis attristé que des gens ai perdu leur emploi. Mais les dommages causés à des êtres humains à cause de la contamination de la nappe phréatique à Mercier sont inconcevables. Des familles se sont réveillées au milieu des années ’70 et au début des années ’80 avec des problèmes digestifs majeurs. La compagnie a tardé a révélé l’étendue des dommages qui fait de la situation de Mercier le pire accident environnemental du genre au pays. Les premières citernes d’eau embouteillées je les ai vu à Mercier. L’impact environnemental de la contamination se fait encore sentir 40 ans après le début des activités de Tricil. Ce n’est pas la faute de votre père ou de quiconque travaillait là, mais il faut avouer que quelqu’un a menti aux employés de cette entreprise, aux citoyens et aux gouvernements. Je vous remercie encore une fois pour votre commentaire et je salue votre détermination à vous occuper de votre père. Il est chanceux de vous avoir.

  2. Marie-Pier Meunier dit :

    M. Major, Suite à la publication de votre article « Ce serait la fin pour Clean Harbors à Mercier », je tiens à apporter votre attention sur une facette de cette nouvelle que vous n’avez probablement pas considérée lors de sa rédaction.
    Il est vrai que pendant plusieurs années, divers environnementalistes ont étudié la question écologique derrière l’activité de Tricil, Laidlaw, Safety Klean et maintenant Clean Harbors. Peut-être que les décisions prises par les dirigeants de cette usine dans le passé ne furent pas les meilleures. Toutefois, laissons aux scientifiques leurs études et leurs analyses. Pour ma part, je tiens à attirer votre attention sur l’envers de la médaille. Lorsque vous écrivez: « La fermeture définitive de l’incinérateur serait donc une bonne nouvelle et permettra aux différentes paliers de gouvernements et experts environnementaux de passer à l’étape tant attendue de nettoyage complet. » n’avez vous pas considérez le côté humain? Derrière cette fermeture, des dizaines d’hommes et de femmes perdront leurs emplois. Pour la plupart, ces ouvriers n’ont pas ou peu d’études et sont à l’emploi de l’usine depuis plusieurs années, voir plus de trente ans. Qu’adviendra-t-il de ces travailleurs qui perdront leur emploi, leurs assurances collectives, leur gagne pain? Vous pouvez vous réjouir tant que vous le voudrez, mais ce n’est pas vous qui verrez sur le visage de ces hommes la douleur de se retrouver sur le chômage après 30 ans de service. Ces hommes qui sont tous de la région se retrouveront au temps des fêtes devant peu de réjouissance en sachant qu’il est difficile de se retrouver un emploi avec de bonnes conditions salariales et de travail en ces temps difficiles. Lorsque je lis:  » Si la fermeture de l’incinérateur se confirme, ce sera définitivement une excellente nouvelle », je pense à mon propre père qui a reçu, il y a moins d’un mois un cadeau de remerciement pour ses 35 années de service. Croyez-vous que pour nous, pour notre famille, la fermeture de cette usine soit une excellente nouvelle? Recevoir une lettre qui vous annonce que d’ici un mois, vous serez sans emploi, amène plusieurs questions et plusieurs insécurités sur votre avenir et l’avenir de votre famille. Qu’en est-il de nos assurances? Qu’en est-il de nos fonds de pension? Qu’en est-il de notre revenu hebdomadaire qui nous permettait, après tant d’année, de finalement pouvoir se payer un peu de bon temps, d’en profiter un peu? Vous pouvez voir sur le visage de ces hommes, que toutes ces questions les tourmentent. Je vois sur le visage de mon père la déception devant cet évènement.
    Si vous aviez, M. Major, un tant soit peu considérer les différentes facettes qu’auraient pu aborder votre article, peut-être n’aurais-je pas à vous le rappeler. Sinon, avez-vous une solution à apporter à ces hommes qui seront bientôt sur le chômage? Pourrez-vous leur trouver des emplois?

    Marie-Pier Meunier
    Fille d’un travailleur touché par la fermeture de Clean Harbors

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