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L’eau des puits artésiens de Léry infectée par la bactérie E. coli

Robinet-eau-photo-Pixabay-publiee-par-INFOSuroit_com(Marie-Ève Rochefort) – Certains habitants de la Ville de Léry ne peuvent boire l’eau de leurs puits artésiens en raison de la présence de la bactérie E. coli.

Ces résidents, qui ne sont pas encore raccordés au réseau d’égout et d’aqueduc, doivent acheter de l’eau minérale puisque même si les puits sont nettoyés, la bactérie revient en raison du ruissellement de l’eau.

Un rapport préliminaire du test d’analyse réalisé par le Groupe Hémisphère au printemps 2015 confirmait la présence de contamination par des micro-organismes d’origine fécale, ce qui prouve que la problématique dure depuis un certain temps, ce qui inquiète fortement Richard Décarie, président de l’Association des propriétaires de Ville de Léry.

« Il y a 97 puits contaminés à la bactérie E. Coli et d’autres métaux dangereux et ils se recontaminent même si on les lavent. Il y a des familles avec de jeunes enfants qui habitent certaines des résidences touchées. On constate également qu’on pollue l’eau du lac Saint-Louis en raison de l’écoulement. On est convaincu que la situation est critique pour la santé publique et que même le ministre de la Santé Gaétan Barrette devrait s’en mêler », a-t-il commenté en entrevue avec INFOSuroit.com.

En 2012, la première phase des travaux du projet d’aqueduc et d’égout sanitaire de la Ville Léry a été complétée. Il devait s’en suivre la deuxième phase des travaux, laquelle n’est toujours pas finalisée en 2016. Outre la problématique environnementale et sécuritaire que cause ce retard, monsieur Décarie parle d’une injustice.

« Les propriétaires de la phase 1 bénéficient d’un service, mais pas les propriétaires de la phase 2. Pourtant, on paie une surtaxe avec laquelle nous étions d’accord à l’époque, mais nous sommes en 2016 et nous n’avons toujours pas de service. On demande donc aux deux paliers de gouvernement de nous aider financièrement en payant le 2/3 de la facture comme lors de la première phase de travaux. On demande également à la Ville de Léry de rembourser la vidange des fosses septiques pour assurer une équité en attendant la complétion des travaux », poursuit-il.

Le coût des travaux pour la phase 2, évalué en 2012, oscillait entre 30 et 32 millions de dollars, une somme qu’une petite ville comme celle de Léry, qui a un budget annuel de 3,5 millions de dollars, ne peut se permettre. Refiler la facture complète aux quelque 2 300 habitants n’est donc pas envisageable, c’est pourquoi une subvention s’impose.

Léry admissible à une subvention

En entrevue avec INFOSuroit.com, Catherine Poulin, l’attachée de presse de Pierre Moreau, député de Châteauguay et ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, confirme que la Ville de Léry est admissible au Programme d’infrastructures municipales d’eau (PRIMEAU), qui vise à aider les municipalités à financer leurs infrastructures en eau potable, mais que le gouvernement doit avoir le dossier complet pour l’étudier avant d’agir. Elle ajoute également que plusieurs autres municipalités vivent la même problématique au Québec.

« On ne peut pas faire de favoritisme, par contre, c’est un dossier sur lequel on travaille de très près. Nous avons de l’argent via le programme PRIMEAU pour ce genre de dossier et la Ville de Léry y est admissible. Le ministre Moreau a même bonifié le programme au printemps pour augmenter le pourcentage d’aide pour les petites municipalités qui n’ont pas les reins assez solides pour payer la facture. On a de l’argent, mais il faut d’abord définir le projet et savoir combien ça va coûter. Le pourcentage varie en fonction des projets, mais il est certain que ce sont des sommes substantielles, sans pour autant offrir une aide financière à 100 % considérant qu’il y a 1 333 municipalités au Québec », a-t-elle commenté en entrevue téléphonique.

De son côté, la députée libérale de Châteauguay-Lacolle, Brenda Shanahan, a affirmé être au fait de la problématique et a rappelé que le gouvernement du Canada s’est engagé à investir 125 milliards sur 10 ans dans des projets d’infrastructures, ce pour quoi le cas de la ville de Léry « pourrait potentiellement s’inscrire dans la catégorie des infrastructures vertes ».

Un dossier compliqué

Selon le maire de la Ville de Léry, Walter Letham, la situation est bien plus complexe qu’elle n’y paraît puisque la présence de la bactérie E. Coli dans l’eau de certaines résidences n’est pas la seule problématique dans le dossier. De plus, il affirme avoir reçu une confirmation du gouvernement du Québec quant à la somme disponible pour la subvention et cette dernière n’est pas suffisante pour aller de l’avant.

« Pour un projet de 32 M$, le gouvernement nous offre 7,5 M$. Si on calcule la somme qui nous reste à payer, ça représente une augmentation de taxes de 3 500 $ par maison sur 20 ans, ce qui n’a pas de bon sens ! En plus, le gouvernement a perdu 1 450 000 $, une somme qui nous était promise pour la première phase des travaux et qu’on attend toujours. Notre problème à Léry, c’est que nous sommes une petite ville et c’est difficile de faire pression pour s’opposer. En plus, la phase 1 a été mal gérée par l’ancienne administration municipale et il y a plein d’erreurs qui ont été commises. Aussi, on est aux prises depuis un an et demi avec une bataille juridique de 3,5 M$ contre Sintra, l’une des entreprises qui ont effectué les travaux, parce qu’elle nous réclame des extras», nous a-t-il expliqué.

Le directeur général de la ville, Dale Stewart, a complété en affirmant que toutes les possibilités étaient présentement étudiées, que ce soit d’installer des fosses communes ou en ne privilégiant qu’un service sur deux, soit l’aqueduc et laisser tomber les égouts puisque les subventions seraient plus intéressantes.

En bref, il s’agit d’un gros dossier à suivre…

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