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L’histoire des patriotes dans le Suroît

La Société nationale des Québécois du Suroît (SNQS) est un organisme à but non lucratif, affilié au Mouvement national des Québécoises et des Québécois. L’organisme est mandataire de la Fête nationale du Québec au Suroît, organise et soutient l’organisation d’activités afin de souligner la Journée nationale des Patriotes, en plus de souligner l’anniversaire du drapeau du Québec par différentes activités. Promouvoir la langue française, la souveraineté du peuple québécois et l’histoire du Québec font partie de la mission de la SNQS.

Une page d’histoire

À l’approche de la Journée nationale des Patriotes, qui aura lieu le 24 mai, la SNQS souhaite bonne journée nationale des Patriotes à tous et présente Nous sommes toutes Appoline de Claudia Larochelle.

Claudia Larochelle, autrice de Nous sommes toutes Appoline.

« Viens ici que je te protège! » Dieu qu’elle devait être belle à voir, l’ingénieuse Appoline Létourneau en s’adressant ainsi avec aplomb à son mari, Louis Pagé, un marchand qui n’avait jamais vu l’œil de sa douce rempli d’une sagacité aussi stupéfiante. En d’autres temps, ça l’aurait fait rire, mais en cette matinée nappée de brouillard du 23 novembre 1837, il en trembla. Il ne posa donc pas de questions à cette deuxième épouse si déterminée quand elle lui commanda de se dévêtir le torse. Avec minutie, dans un silence chargé d’effroi, elle superposa sur la poitrine de celui qu’elle aimait les feuilles de papier les plus épaisses qu’elle eut pu trouver. Quinze étages d’espoir pour protéger ce cœur de patriote épris de justice. Elle rattacha la veste grise, plus amoureuse que jamais.

La bataille eut lieu. Une balle frappa la cuirasse artisanale et s’arrêta in extremis à la quatorzième feuille. Il paraîtrait que Pagé ne s’en serait même jamais rendu compte. Le soir venu, Appoline a failli s’écrouler quand elle trouva la munition. Elle comprit qu’il fallait rester imaginative pour mener le combat aux côtés des hommes. Elle se dit aussi que c’est dans les coulisses des batailles que les plus grandes victoires se remportent.

La grande Appoline était loin d’être seule à travailler dans l’ombre. Émilie Berthelot faisait fondre des balles pour les combattants. Marie-Victoire Félix dessinait et tissait leur drapeau. Julie Dorais, l’épouse de Louis Turcot, condamné puis déporté en Australie, était seule à la maison avec leurs sept enfants quand elle affronta un soldat avec un couteau de boucherie. C’était juste avant que les Anglais ne mettent le feu à leur résidence. L’illustre Julie Bruneau prenait la plume qu’elle avait bien acérée pour conseiller Louis-Joseph Papineau. Il n’aurait jamais été le même sans sa Julie. On dit même qu’elle oubliait de se nourrir tant elle mettait la main à la pâte. Et ce n’était pas de la pâte à tartes ! Malgré ses nuits blanches et interminables, elle débarquait la tête remplie d’idées au Club des femmes patriotes qu’elle avait fondé sur la rue Bonsecours à Montréal. Faute de temps, les silencieuses battantes ne se consacraient qu’aux choses essentielles, à commencer par la survie des leurs frères, époux et fils chéris. Plutôt que de vaquer aux habituels divertissements des temps plus réjouissants, elles favorisaient l’éducation populaire dans toutes les villes, préparaient des lectures publiques de journaux, faisaient signer des pétitions, sans compter les blessures morales et physiques qu’elles pansaient.

De nos jours, si ce sont les noms des hommes patriotes qu’on retrouve dans les livres d’histoires, les noms de rues, ceux des ponts ou des villes, l’héritage féminin n’est pas moins grand. Il persiste et signe à travers leur descendance. Les femmes patriotes sont encore là en 2021; dans l’élan d’une Politicienne, la créativité d’une Artiste, les mots d’une Écrivaine défenderesse du français, la sororité d’une Courageuse devant l’agresseur, l’ardeur d’une Mère au front, l’altruisme d’une Travailleuse de la santé en temps de pandémie, le dévouement d’une Éducatrice en garderie ou d’une Enseignante – toutes si honteusement sous-payées – l’audace d’une Lanceuse d’alerte, la vivacité de celles qui posent des questions, contestent, remuent, étonnent, défoncent les satanés plafonds de verre, l’espoir toujours de celle qui reconnaît son pays, qui n’a jamais renoncé à la prochaine fois.

Derrière chacune de ces voix qui s’élèvent au Québec, c’est une patriote qui revient d’outre-tombe. Triomphantes, leurs contemporaines n’ont plus à se faire discrètes. Elles peuvent croiser le fer dans l’œil du public. Nous les reconnaissons entre toutes, les admirables; protégées par les murailles érigées par leurs aïeules. Les femmes patriotes ne sont pas disparues sans laisser l’héritage de la résistance, ultime rempart quand surgissent encore abus, violence, sexisme, misogynie ou racisme. Dans les grands découragements nationalistes, ne jamais les oublier, s’y référer toujours pour ne reculer devant rien, ne pas céder une seule parcelle de terrain défriché. La route est encore longue, mais déjà plus légère avec le souffle des pionnières dans le dos et leur sang qui réchauffera à l’infini les corps d’espérance de celles qui n’abandonnent jamais.

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