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La cause de la terre est aussi celle des pauvres

(Émile Duhamel) – Cette 10e rencontre des Journées sociales du Québec, qui se déroulait à Salaberry-de-Valleyfield depuis vendredi dernier, nous aura permis, pour ne pas dire forcés, de prendre conscience que le long combat pour la justice sociale dans lequel nous sommes toutes et tous engagés ne peut plus être dissocié de celui qui doit être mené sur le front écologique.

Nous avons surtout compris qu’encore une fois, ce sont les personnes les moins bien nanties et les classes populaires qui feront les frais d’une conscience collective malheureusement endormie par ceux pour qui l’appât du gain demeure le seul objectif poursuivi.

La rencontre 2011 des Journées sociales du Québec coïncidait avec la Journée Mondiale de l’environnement. À ce chapitre, André Beauchamp a mis en lumière durant nos débats ce fait désormais incontournable : le combat social et le combat écologique doivent être menés de front et Leonardo Boff a bien raison quand il évoque, avec d’autres, le cri de la Terre et le cri des pauvres. Nous avons pris conscience que la pauvreté, avec toutes ses conséquences, représente la pire des pollutions.

Nous avons aussi compris que la question écologique ne relève pas seulement de la science ou de la technique. C’est aussi une question hautement politique et de ce fait, elle concerne au premier chef les citoyennes et les citoyens pour qui le vivre ensemble et la qualité de vie en société demeurent une préoccupation permanente. En conséquence, un engagement militant est indispensable.

Il peut arriver que nous nous demandions comment, en tant que chrétiennes et chrétiens, nous pouvons intervenir dans tous ces débats. Et sur quelle base nous devrions le faire.

Il ressort de nos discussions que si l’ensemble de l’humanité est interpellée par la crise écologique, nous, chrétiennes et chrétiens, le sommes aussi pour des raisons qui nous sont propres. Nous avons toujours placé la personne humaine au centre de notre vision du monde. En conséquence, tout ce qui peut l’agresser, la menacer et lui porter atteinte doit nous préoccuper au premier chef. Nous avons aussi un devoir de solidarité à assumer, tant à l’égard de l’espèce humaine et des plus fragiles d’entre elle qu’à l’endroit de cette Terre qui nous a été confiée.

Il faut se réjouir que sur ce plan, l’Église québécoise semble en train de commencer à bouger à la base. Le dernier message du 1er mai des évêques intitulé : Concilier environnement et travail : une fierté ! s’inscrit de son côté dans la foulée d’engagements qui remontent à quelques décennies.

La prise de conscience est souvent longue en ces matières, tant pour les individus que pour les organisations. Mais la question écologique est devenue cruciale pour l’humanité tout entière

De ce point de vue, les militantes et les militants des Journées sociales du Québec déplorent avec vigueur les trop nombreux reculs du Canada sur le front écologique.

De leader particulièrement énergique sur le plan mondial, le Canada, depuis quelques années, n’a de cesse de renier les engagements pris devant la communauté internationale à Rio et à Kyoto. Le Canada est aujourd’hui à la traîne, comme on a pu le constater à Copenhague. Un sérieux coup de barre s’impose et nous nous engageons à intervenir partout où nous le pourrons pour dénoncer l’inaction du présent gouvernement en ces matières. Nous voulons que le Canada retrouve ce rôle d’acteur majeur dans ce combat auquel nous ne croyons pas qu’il soit possible d’échapper.

Nous sortons de ces Journées sociales du Québec davantage convaincus que la question écologique s’adresse directement à la conscience chrétienne.

Nous en sortons encore mieux outillés pour porter ces débats dans tous les lieux où s’exerce notre militantisme. À compter d’aujourd’hui, rien de ce qui concerne l’avenir de la Terre, rien de ce qui concerne l’avenir des femmes et des hommes qui l’habitent, ne pourra nous être étranger.


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