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Conflit étudiant – Loi 78, manifestations et… crise sociale

Manifestation-etudiante-18-mai-Valleyfield-Emprisonnez-nos-corps-mais-nos-esprits-demeureront-libres-Photo-INFOSuroit-com_(Jean-Pierre Major) – 18 mai 2012, dure journée pour le Québec. Presque de façon unanime, les syndicats, les professeurs, les étudiants (rouges et verts), les parents (carrés blancs), l’opposition officielle, le Barreau du Québec, des parents, des grands-parents, des juristes, des éditorialistes ont condamné le choix du gouvernement Charest de recourir à son projet de Loi 78. Devenu malgré tout, officiellement Loi à l’heure du souper vendredi.

De façon spontanée, plusieurs manifestations se sont mises en branle à Montréal, Québec, Sherbrooke, Gatineau, Rimouski et Salaberry-de-Valleyfield. Dans la Capitale du Suroît, 70 manifestants ont donné du fil à retordre aux policiers en changeant continuellement de direction en pleine heure de pointe avant l’Adoption de la Loi 78. Parti du Collège de Valleyfield, les manifestants ont emprunté le chemin Larocque, la rue Victoria,. Ils ont pris la rue du Centenaire à contresens en zigzaguant face aux automobilistes.

Manifestation-etudiante-18-mai-contresens-rue-Alexandre-Photo-INFOSuroit-com_Des policiers à vélo et d’autres en autopatrouilles, en voiture banalisée et en camionnette essayaient tant bien que mal d’assurer la sécurité des manifestants et des automobilistes. Après avoir bifurqué sur la rue Grande-Île, les manifestants dont quelques-uns étaient masqués et maquillés se sont rendu sur le boulevard Monseigneur Langlois.

Manifestation-etudiante-18-mai-Valleyfield-Mgr-Langlois-avec-police-Photo-INFOSuroit-com_Là c’était plus sérieux. Compte tenu du fort achalandage. Certains automobilistes klaxonnaient pour appuyer les étudiants-manifestants. D’autres les injuriaient en pestant contre le retard qu’ils occasionnaient. Rapidement, le nombre de policiers a augmenté, les voitures officielles et banalisées arrivaient de tous les sens.

Manifestation-etudiante-18-mai-Valleyfield-rue-Alphonse-Desjardins-Photo-INFOSuroit-com_Les manifestants en ont profité pour changer de côté sur le boulevard. Ils ont par la suite emprunté la rue Maden pour se diriger de nouveau vers le centre-ville en croisant Dufferin et en tournant sur Alphonse-Desjardins.

Tranquillement les manifestants sont retournés à leur point de départ. Au total, la manifestation a duré près de deux heures.

Tout au long de leur « périple », les étudiants étaient filmés par les policiers et vice-versa

De façon générale, une grande contestation légale est en cours depuis vendredi matin, soit avant même l’entrée en vigueur de la Loi 78. La requête en nullité origine de la Clinique Juripop, un organisme de Saint-Constant dans notre grande région de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent . La Clinique Juripop invite d’ailleurs la population à remplir le formulaire de requête en nullité via le site Internet www.loi78.com. En quelques heures, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient rempli le formulaire pour contester la Loi 78.

Manifestation-etudiante-18-mai-Valleyfield-Mgr-Langlois-devant-Aubainerie-Photo-INFOSuroit-com_Le problème décrié par plusieurs juristes est que la Loi 78 pourrait prendre des années à être contestée et ne serait plus en vigueur lorsque la cause serait potentiellement entendue. Même le Barreau du Québec s’est prononcé vendredi matin contre le projet de loi 78 dont certains articles «limitent clairement le droit de manifester pacifiquement de tous les citoyens sur tous les sujets». Le bâtonnier du Québec Me Louis Masson, a formulé de nombreuses critiques dont le fait que certains éléments de la Loi 78 sont «contraires à la liberté d’expression».

Quoi qu’il en soit, partout on s’organise. Ce qui au départ, il y a 15 semaines était une bataille étudiants-gouvernement sur la hausse des frais de scolarité est en train de devenir une bataille rangée impliquant, syndicalistes, opposition, artistes, citoyens de tous les âges contre une loi d’abusive et disproportionnée par rapport à la situation. Plusieurs éditorialistes et chroniqueurs parlent d’abus de pouvoir. Il s’agit désormais d’une crise sociale majeure comme le Québec en a rarement vu. Malgré de nombreux avis, le gouvernement de Jean Charest a choisi le scénario de la loi « matraque ». Depuis, des manifestations spontanées ont rassemblé des gens un peu partout au Québec. La soirée de vendredi était extrêmement chargée et des milliers de personnes ont manifesté notamment à Montréal et dans d’autres grandes villes du Québec. Le mot « raison » est disparu du dictionnaire personnel du Premier ministre! On le craignait, mais c’est désormais la réalité, la Loi 78 a jeté de l’huile sur le feu.

Manifestation-etudiante-18-mai-Valleyfield-rue-Dufferin-et-Maden-Photo-INFOSuroit-com_Selon le quotidien La Presse, les services d’ordre reçoivent un flot d’appels téléphoniques hors du commun. Des citoyens utilisent les termes de la Loi 78 pour aviser les autorités qu’ils comptent organiser une manifestation de 50 personnes pour une réunion de famille qui va se dérouler de la rue X à la rue Y. D’autres demandes, s’ils ont le droit de planifier plusieurs manifestations de 50 personnes ou moins simultanément dans des endroits différents et selon un itinéraire différent. De plus, le site Internet du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport a été piraté vendredi soir. Décidément, l’action se déroule de tous les côtés.

Les jeunes sont entêtés depuis le début de leur lutte contre la hausse des frais de scolarité, mais Jean Charest est aussi entêté. La seule différence pour moi est que Jean Charest est le Premier ministre et aurait pu démontrer plus de sagesse. Il n’a vraisemblablement écouté personne. Ni même Line Beauchamp qui a choisi de quitter le navire et le domaine politique qu’elle aimait. Jean Charest a nargué les étudiants devant « ses amis » au Salon du Plan Nord. Il en a remis au lendemain de l’entente de principe lors du colloque libéral à Victoriaville alors, qu’il aurait été prudent d’attendre les résultats des votes des associations étudiantes. Un peu d’humilité et de bons mots pour les étudiants à ce moment-là et un engagement à sécuriser ce qui était verbal dans l’entente de principe aurait pu calmer le jeu.

Pour moi aujourd’hui, Jean Charest est lui-même. Son jeu de mystificateur ne fonctionne plus. On sait désormais qu’il n’est pas un vrai libéral. Son côté conservateur a refait surface. Certains anciens libéraux du Québec l’ont constaté aussi. Il ne semble avoir écouté personne au cours des derniers jours. Il a beau être excellent pour débattre en chambre, ceux qui ne connaissaient pas ses côtés « arrogant » et « entêté » savent aujourd’hui que ces faiblesses font en sorte que même s’il porte en ce moment le titre de Premier ministre, Jean Charest est un petit politicien.


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