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Budgets 2012 – Serons-nous plus riches ou plus pauvres?

(Jean-Pierre Major – Mise à jour) – Jeudi dernier, j’ai pondu un texte sur les budgets en général. L’article était long et allait dans plusieurs directions. Je l’ai retravaillé, il est plus précis avec moins de gratuités, afin de faire ressortir davantage l’urgence à mieux contrôler tous les budgets (personnel, municipal, provincial et fédéral). L’endettement des ménages atteint un seuil critique et l’iniquité entre riches et pauvres se fait de plus en plus sentir. Le texte est encore long, mais le voici:

C’est la saison des bilans annuels et des budgets 2012 pour les municipalités du Québec puis, après les fêtes ce sera autour de Monsieur et Madame Tout le monde de regarder les revenus et les dépenses afin de planifier le budget personnel ou budget familial. Dans les municipalités des cinq MRC de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent comme ailleurs, on présente les budgets d’une façon à rendre la pilule plus facile à digérer pour les contribuables payeurs de taxes.

On parle de la taxe foncière qui augmente par exemple de seulement 2% par 100 $ d’évaluation. De moins que cela dans certains cas. Mais, quelques fois on oublie de préciser que les évaluations municipales des résidences ont été revues à la hausse. Dans d’autres cas, il arrive qu’on oublie de dire ou de préciser que des frais sont augmentés pour certains services notamment pour les licences de chiens, de chats (et oui certaines villes ont rendu obligatoire les licences pour félins), pour les vélos, pour l’installation d’abri d’auto temporaire. Quelques fois, on oublie de dire que les frais pourraient augmentés à la bibliothèque municipale, que la fête de quartier ne sera plus gratuite, que la quote-part de la municipalité pour le transport en commun est augmentée, en plus de celle de la MRC, etc. etc.

La liste est longue et les justificatifs des élus et leurs fonctionnaires aussi.

Assister à la présentation d’un énoncé budgétaire annuel d’un gouvernement est un exercice fastidieux. On déballe, un après l’autre des chiffres en sachant que c’est le citoyen qui va payer la facture. On espère que tout va passer, que cela sera bien arrimé. On nous présente à l’avant-plan ce qui est le plus présentable et on tente souvent, dans la mesure du possible, d’esquiver ce qui pourrait faire grincer des dents. On parle de tout; des dépenses et des revenus, de l’eau potable, des ordures ménagères, de la culture, de l’environnement, des infrastructures, de l’administration, etc.

Je m’en confesse, j’ai un gros malaise avec quelques élus et dirigeants des gouvernements (tous niveaux confondus). Avec les années, j’ai compris qu’un petit nombre de ces élus ternissent la réputation de nombreux autres en se servant plutôt qu’en servant la population. Heureusement, il y a encore des irréductibles qui font bien leur boulot et nous, lorsque l’on fait bien notre devoir de citoyen responsable, on utilise à bon escient notre droit de vote.

Le budget personnel aussi en prend pour son rhume. On « surconsomme » trop souvent. On « oublie » quelques fois certains éléments. Et cela arrive qu’on ait mal estimé l’augmentation du coût de l’essence pour nos déplacements ou simplement l’augmentation des denrées aussi essentiel que le lait et le pain.

Pour compliquer le tout dans un contexte global, il arrive que sans aucune gêne, le fédéral, qui est le gouvernement le plus important, coupe des services aux provinces, qui à leur tour, avec un peu de gêne, coupent les services aux municipalités, qui elles, coincées, plus branchées sur les citoyens, se mettent des œillères, se croisent les doigts, essaient souvent de moduler le tout, mais refilent tout de même la facture à vous et moi. À nous de faire les ajustements dans notre budget personnel!

Le système actuel est ainsi fait. On pellete sans regarder. On déblaie notre entrée, mais on rempli celle du voisin. Par ricochet, on joue avec les chiffres. On va augmenter les taxes de peu, mais on va charger pour plusieurs services en plus. Quelques fois on module bien, d’autres fois l’augmentation de certains frais, comme les ordures ménagères, est refilé principalement aux citoyens à faibles revenus plutôt qu’aux entreprises.

Il faut le souligner, parmi les élus et les fonctionnaires, certains sont visionnaires. Des gens qui cherchent vraiment des solutions, mais aussi des façons de faire qui pourraient être un compromis acceptable pour le citoyen et pour l’administration publique.

D’autres plus fonceurs peut-être, ou moins scrupuleux, ont des projets ou des idées qui pourraient avoir du sens si notre endettement collectif n’était pas si élevé et si notre société était véritablement en mode croissance sur le plan économique, mais ce n’est pas le cas. Mondialement ça ne va pas très bien économiquement parlant.

Dans ce cas pourquoi ne pas gérer les programmes en place et peaufiner ce qui est déjà là? Il semble que souvent on nous aligne sur des nouveaux projets et on néglige d’améliorer ce qui est déjà existant, parce que les nouvelles idées ont la cote! Mais, attention, cela pourrait aussi faire baisser notre cote de crédit!

Parmi les exemples de bonnes idées, arrivées au mauvais moment selon moi, je vous mentionne le système de vélos à partager Bixi à Montréal. Après trois ans, ce service a réduit son déficit, mais il est tout de même projeté à 3,5 millions de dollars (voir La Presse 18 novembre 2011). Comme son président a annoncé récemment qu’il quittait le navire, on peut se demander si le projet va véritablement dans la bonne direction?

La réfection du toit du Stade Olympique est un autre exemple ou les gouvernements, peu importe la couleur, ne sont pas en mesure de fermer le robinet ou s’écoule sans cesse de notre argent. On a fait les Jeux Olympiques de 1976 sans le toit sur le stade, et en 2011 on parle encore du coût du stade et quel type de toit le coiffera.

Localement, il y a des petits « Bixi » ou des petits « Stade Olympique » dans certaines municipalités du Québec. Des idées géniales, peut-être, mais à quel prix ? Aujourd’hui, on le sait, ce n’est plus notre avenir qui est en jeu, mais celui de nos enfants. Il faudrait trouver ensemble une façon d’être plus sérieux collectivement en rapport avec l’argent.

J’ai lu plusieurs budgets municipaux depuis le début décembre. Dans certains cas, j’ai l’impression que soit je n’ai rien compris, ce ne serait pas la première fois (ni la dernière malheureusement), soit des élus et des fonctionnaires surestiment notre capacité de payer.

Est-ce vraiment si peu payant collectivement de travailler à mieux gérer nos finances? Actuellement l’endettement des ménages québécois atteint des niveaux records dangereux. Le ratio dette-revenu des ménages a atteint 146,9% au premier trimestre de 2011 selon le site Internet des Comptables généraux accrédités. Oui, la consommation compte pour beaucoup, mais nos gouvernements consomment aussi et augmentent leurs dépenses. C’est un cercle vicieux. Je suis pris comme tout le monde dans ce cercle vicieux, mais je sens que l’élastique est étiré au maximum.

Je veux que cela change, parce que l’implosion pourrait faire plus de tort encore. Le système actuel nous écrase. De la marge de manœuvre, il n’y en a plus. On parle de l’endettement des ménages à un niveau critique, et nos gouvernements s’endettent et nous endettent encore!

Sans le vouloir on est en train de limiter l’avenir de nos enfants. On va leur dire quoi ? On n’avait pas le choix, on voulait le nouveau gadget à la mode, on voulait plus de services dans tous les domaines, on voulait beaucoup et vite, quitte à endetter les générations futures.

Nous sommes à quelques jours de 2012, est-ce que l’on pourrait individuellement et collectivement être plus responsable? Est-ce que l’on peut moins penser à nous et penser à nos enfants et à leurs enfants. En 2011, il y a eu sur la Terre des citoyens qui se sont levés pour dire c’est assez. On sent d’ailleurs que les plus jeunes nous regardent de plus en plus. Ils se questionnent.

On peut socialement essayer de trouver des justificatifs pour toutes les interventions des gouvernements dans des champs de compétences très variés. Soyons simplement plus intelligents, plus sélectifs, priorisons et évitons les « double-structures » coûteuses. Ce sera toujours un début.

Certaines dépenses sont obligatoires et incontournables, mais avouons que la carte interactive parue dans La Presse il y a quelques jours où l’on peut voir les hausses moyennes de taxes municipales depuis 2006 par municipalité a de quoi faire réfléchir. Des augmentations de 9,1 à 89,8% dans les municipalités du Suroît seulement! Est-ce que toutes ces hausses étaient reliées à des dépenses obligatoires et incontournables ? Je ne le crois pas.

Il serait souhaitable que les élus et leurs représentants de tous les paliers de gouvernements (municipal, provincial et fédéral) agissent de façon plus responsables avec notre argent. Il faut aussi être plus équitable entre riches et pauvres. L’écart se creuse. De moins en moins de gens possèdent la richesse. Par contre ceux qui sont riches par les temps qui courent, le sont souvent outrageusement.

La vie politique n’est pas facile, j’en conviens, mais notre niveau d’endettement est en train de miner l’avenir de plusieurs générations. Il faut penser un peu moins à nous et un peu plus à ceux qui vont suivre! Est-ce conciliable avec l’élection de conseillers municipaux, de maires, de députés ? J’espère que oui!

En terminant, je crois humblement que pour notre avenir, tous nos budgets (personnel, municipal, Québec et Canada) devraient toujours être basés sur la responsabilité, l’équité pour le bien être des citoyens d’aujourd’hui et de demain.


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