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Billet d’Anne Quach : Sauvons nos fermes familiales

Anne_Quach-deputee-Beauharnois-Salaberry-a-la-Chambre-des-Communes-Photo-courtoisie-publiee-par-INFOSuroit_com(Anne Minh-Thu Quach) – Depuis plusieurs années, l’économie est devenue un des enjeux les plus importants, sinon l’enjeu LE plus important, de notre société.

L’industrie manufacturière, les industries qui exploitent les ressources naturelles, le tourisme… Les médias n’hésitent pas à braquer leur attention sur une multitude de secteurs économiques. Tous les secteurs économiques en fait… sauf l’agriculture.

Pourtant, depuis quelques années, l’industrie de l’agriculture subit de profonds changements, des changements qui passent souvent inaperçus, mais dont les impacts se répercutent lourdement dans le quotidien de ceux qui nous permettent de bien nous nourrir.

Peu à peu, nos fermes familiales, les fondements de notre industrie agricole, sont en train de disparaître, notamment à cause des politiques du gouvernement de Stephen Harper.

Depuis que les conservateurs sont arrivés au pouvoir, le Canada a perdu plus de 8 000 petites fermes. En effet, ce gouvernement fédéral a miné nos fermes familiales en affaiblissant leurs outils de gestion du risque et en passant le flambeau à des assureurs privés, de même qu’en menaçant le système de gestion de l’offre qui assure la stabilité et la rentabilité de pans entiers de notre secteur agricole.

Dans l’ouest, le démantèlement complètement idéologique de la Commission canadienne du blé par les conservateurs a rendu l’existence même de plusieurs fermes familiales très précaire.

Face à ces mesures et face à un niveau de compétition provenant de l’international sans précédent, nos fermiers sont forcés d’agrandir leurs installations pour rester compétitifs ou bien de baisser les bras et de vendre leurs terres aux corporations qui souvent profitent de la situation pour exiger des conditions de vente injustes.

Le résultat? De plus en plus, ce sont les géants de l’industrie qui sont responsables de l’exploitation de la majorité de nos terres arables. Est-ce que le gouvernement conservateur va attendre que notre industrie agricole ressemble à un monopole avant d’intervenir?

Comme si ce n’était pas suffisant de retirer aux fermiers leurs leviers de protection, les conservateurs ont aussi décidé d’effectuer des compressions dans de multiples programmes de financement auxquels les entrepreneurs agricoles peuvent se fier pour réussir à garder la tête hors de l’eau et vivre dignement. Ainsi, les agriculteurs ne sont plus admissibles au programme Agri-Stabilité, à moins que leurs marges baissent à 70% de leur montant original, un seuil autrefois fixé à 85%. Aussi, Ottawa a réduit du tiers ses contributions au Fonds Agri-Investissement. Et ce n’est pas tout : le gouvernement Harper, dans son dernier budget, a décidé de couper les ressources à la recherche et l’innovation alors que les fermiers cherchent à s’adapter aux changements climatiques, à trouver des solutions durables aux problèmes d’utilisation des pesticides ou de maladies sur certaines récoltes, etc.

Rappelons-nous ceci : les attaques à l’endroit des agriculteurs continuent de pleuvoir alors que la réforme du système d’assurance-emploi imposée aux travailleurs saisonniers affaiblira encore davantage les fermes familiales de la région. En exigeant que les travailleurs saisonniers acceptent n’importe quel emploi pendant la période morte, la réforme de l’assurance-emploi des conservateurs sera un obstacle supplémentaire à surmonter pour les producteurs agricoles qui dépendent beaucoup de l’emploi saisonnier. Il y a en effet un risque énorme que la réforme incite les travailleurs saisonniers à s’exiler loin de la région, entraînant ainsi une perte d’expertise et une baisse de la main-d’oeuvre qualifiée.

Comme si ce n’était pas suffisant de priver ces fermes de travailleurs canadiens, la mauvaise gestion des conservateurs dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires donnent également bien du fil à retorde aux propriétaires de fermes familiales qui dépendent lourdement de ce programme alors qu’ils doivent souvent embaucher temporairement des travailleurs étrangers pour combler des besoins immédiats de main-d’oeuvre spécialisée.

Ultime affront des conservateurs : retirer le Canada de la Convention des Nations unies sur la sécheresse et la désertification! En mars dernier, le Canada est donc devenu le seul pays du monde à ne plus faire partie de cette entente visant à combattre les sécheresses en Afrique et ailleurs, notamment dans les Prairies canadiennes. Les conservateurs croient-ils que les sécheresses ne nous affectent pas? Nous n’avons qu’à penser à l’été dernier : plusieurs de nos propres provinces souffraient du manque de précipitation et des effets dévastateurs de la chaleur sur leurs récoltes!

La perte de nos fermes familiales menace non seulement nos économies rurales, mais affecte de manière importante la diversité, la durabilité et la sécurité de l’approvisionnement alimentaire du Canada.

Mais, enfin, pourquoi devrait-on s’en soucier? Après tout, ces fermes familiales qui ont fermé leurs portes ne représentent que 5% du nombre total des producteurs agricoles. Eh bien même si elles sont peu nombreuses, ces fermetures dénotent une tendance lourde qui n’est pas sur le point de se renverser. Ne serait-ce que pour ça, nous avons le devoir de nous y attarder.

Au moment où nos agriculteurs retournent sur leurs terres pour les labourer et se préparer à nous livrer des produits sains et d’excellente qualité, il faudrait peut-être leur donner les moyens et les conditions pour y parvenir. C’est une question de choix et de leadership politique.

Exprimez votre appui aux agriculteurs de chez nous en signant la Pétition pour protéger les fermes familiales, accessible via l’onglet Passez à l’action sur mon site Internet Anne Minh-Thu Quach.

Anne Minh-Thu Quach
Députée de Beauharnois-Salaberry à la Chambre des communes

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Vous pouvez lire ou relire les billets précédents d’Anne Quach :

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